02 juin 2006

Les ciseaux

Ecrire un petit texte sur le thème : les ciseaux

Lorsqu’un crime a lieu dans une petite ville où de mémoire d’homme il ne s’est jamais rien passé, que ce crime fait la une de tous les journaux, toute la population est sens dessus dessous. Pensez donc ! Une femme qui assassine son mari, ce n’est déjà pas si courant mais lorsque l’arme du crime est une paire de ciseaux, alors là l’émotion est à son comble !
Une paire de ciseaux bien pointue, que cette petite femme si frêle, si douce, lui porte en plein cœur de toute sa force, comme ça, sans raison, sans un mot plus haut que l’autre, sans « mobile apparent » comme dit la police.
Le mari, un grand costaud du genre pas commode, tombe d’un coup, flop ! Sur le carrelage de la cuisine, sans rien comprendre à ce qui lui arrive. Il agonise, à peine le temps de dire ouf ! Dans une mare de sang, la bouche grande ouverte.
Devant tant d’incompréhension, c’est la paire de ciseaux que l’on désigne comme meurtrière, c’est elle, bien sûr, la coupable de cette ignominie.
Celle de la maîtresse de maison qui dort dans un tiroir, la belle paire chromée de la couturière, la grande paire pendue dans la cabane du jardin, même celle de la trousse de l’écolier, toutes sont regardées d’un air soupçonneux… On met sous clé les paires pointues ou rouillées, jugées les plus dangereuses. Chacun raconte son histoire, celui qui s’est coupé un pouce, l’autre qui s’est traversé la main, un autre encore qui faillit se crever un œil…En quelques jours le quincaillier vend toutes ses paires à bouts arrondis.
Le coiffeur est regardé noir, sa clientèle baisse, pourtant il a caché l’instrument maudit au fond d’un tiroir et n’utilise plus que le peigne et la tondeuse.