Les vieilles filles
Je me promenais dans la vieille ville, je regardais avec attention les maisons à colombages, lorsque je fus intrigué par deux lucarnes accolées à une cheminée en briques. Je m’arrêtai, c’est alors qu’un quidam s’approcha de moi.
« Je vois que vous regardez ces lucarnes, me dit-il, savez-vous que dans le pays on les appelle « les vieilles filles ». Ah ! c’est de l’histoire ancienne ! Cette bâtisse appartenait autrefois au Père Chauvet, le plus riche propriétaire de la région, il possédait des fermes et des forêts tout à l’entour. Lui, il logeait dans la belle maison bourgeoise que vous apercevez derrière. Riche, il l’était le Père Chauvet ! Mais un sou c’était un sou. Avare et pas commode avec ça ! C’était un grand bonhomme sec, sur le dos, toujours la même redingote ravaudée, on lui aurait donné quatre sous ! La Mère Chauvet, c’était une brave femme, mais elle n’avait pas son mot à dire …
Enfin, en ce temps-là, ils avaient deux bonnes qu’ils logeaient sous les toits de leur maison, dans une pièce sans eau, glaciale en hiver et une fournaise en été. Les deux filles ne s’entendaient pas. Pour un oui ou un non elles se disputaient ! Alors pour ne plus entendre leurs cris, la Mère Chauvet finit par convaincre son mari d’arranger deux chambres séparées sous le toit de cette petite bicoque.
Pour le Père Chauvet, pas question de prendre un artisan, ça lui aurait coûté bien trop cher. Alors, avec un de ses journaliers, il entreprit de bricoler les deux mansardes et d’adosser les lucarnes contre la cheminée. Comme ça, il économisait un mur et en hiver les bonnes auraient un peu de chauffage. Il récupéra des poutres et deux paires de volets dans une de ses fermes et alla lui-même avec sa carriole, chercher des briquettes à la fabrique d’Ecommoy. Il fit poser tout ça par son journalier et le tour était joué !
Et pour qu’elles aient un peu d’eau, il inventa un système de récupération de l’eau de pluie avec une citerne trouvée chez un ferrailleur. Ah ! quel vieux pingre !
Les bonnes restèrent vieilles filles toutes les deux. Déjà gamines, elles ne cessaient de se chamailler, l’âge venu, elles ne s’adressaient jamais la parole. Elles vécurent là jusqu’à la fin de leur vie, chacune de son côté de la cheminée et moururent la même année à 96 et 94 ans.
Le Père Chauvet était mort depuis longtemps, mais son fils ne valait pas mieux, et ne fit jamais la moindre réparation ! Et les lucarnes sont restées, vous verrez qu’un jour elles seront classées monument historique ! Allez, bien le bonjour Monsieur ! ».

Enfin, en ce temps-là, ils avaient deux bonnes qu’ils logeaient sous les toits de leur maison, dans une pièce sans eau, glaciale en hiver et une fournaise en été. Les deux filles ne s’entendaient pas. Pour un oui ou un non elles se disputaient ! Alors pour ne plus entendre leurs cris, la Mère Chauvet finit par convaincre son mari d’arranger deux chambres séparées sous le toit de cette petite bicoque.
Pour le Père Chauvet, pas question de prendre un artisan, ça lui aurait coûté bien trop cher. Alors, avec un de ses journaliers, il entreprit de bricoler les deux mansardes et d’adosser les lucarnes contre la cheminée. Comme ça, il économisait un mur et en hiver les bonnes auraient un peu de chauffage. Il récupéra des poutres et deux paires de volets dans une de ses fermes et alla lui-même avec sa carriole, chercher des briquettes à la fabrique d’Ecommoy. Il fit poser tout ça par son journalier et le tour était joué !
Et pour qu’elles aient un peu d’eau, il inventa un système de récupération de l’eau de pluie avec une citerne trouvée chez un ferrailleur. Ah ! quel vieux pingre !
Les bonnes restèrent vieilles filles toutes les deux. Déjà gamines, elles ne cessaient de se chamailler, l’âge venu, elles ne s’adressaient jamais la parole. Elles vécurent là jusqu’à la fin de leur vie, chacune de son côté de la cheminée et moururent la même année à 96 et 94 ans.
Le Père Chauvet était mort depuis longtemps, mais son fils ne valait pas mieux, et ne fit jamais la moindre réparation ! Et les lucarnes sont restées, vous verrez qu’un jour elles seront classées monument historique ! Allez, bien le bonjour Monsieur ! ».
Photo Francis Aujames
1 Comments:
Après le texte, une légende : " Photo Francis Aujames ". Mais pas de photo. Aurait-elle disparu comme les deux bonnes du Père Chauvet ?
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